Résumé :
Si les auteurs " païens " et les Pères de l'Eglise parlent des gymnosophistes indiens, ils restent muets quant au fondement même de leur doctrine religieuse. Vers 230 de l'ère chrétienne, dans sa Réfutation de toutes les hérésies (I,24), Hippolyte de Rome expose pour la première fois la doctrine brahmanique d'une manière objective. Depuis 1945, date à laquelle l'indianiste Jean Filliozat avait tenté de montrer que les sources de ce texte grec provenaient des upanishad, il est communément admis l'existence d'un échange philosophique entre Rome et l'Inde au IIIe siècle de l'ère chrétienne dont Plotin, initiateur du néo-platonisme, se ferait l'écho. La présente recherche vise à démontrer qu'Hippolyte de Rome n'a jamais eu connaissance directement de la doctrine brahmanique par le biais des upanishad mais qu'il fut simplement victime de ses sources, liées à la gnose, à la philosophie grecque ainsi qu'à la diatribe cynico-stoïcienne. En VIII, 20, il réfute l'ascèse des encrantes qu'il présente dans les mêmes termes que celle des brahmanes, et qualifie ces hérétiques de cyniques, utilisant le cliché de la pensée grecque qui identifiait les cyniques aux gymnosophistes indiens.