COMME UN VEILLEUR ATTEND LA PAIX - ENTRETIENS AVEC HUBERT PROLONGEAU
Malgré les événements tragiques du Proche-Orient, les positions de fond d’Emile Shoufani n’ont pas changé depuis qu’est paru Le Curé de Nazareth. Il considère toujours que la seule solution à ce conflit n’est pas un simple cessez-le-feu, mais une véritable relation d’échange, fondée sur la reconnaissance mutuelle, entre Israël et un Etat palestinien ; que la violence ne peut qu’engendrer la violence ; que l’urgence réside dans certains gestes de part et d’autre, de nature à dissoudre la peur mutuelle des peuples, ce mauvais génie qui s’est emparé de la Terre sainte ; qu’aucune paix ne sera durable si les responsables politiques et religieux de s’engagent pas dans une pédagogie de la justice et du pardon.
Mais le ton du « curé de Nazareth » a changé. Sans qu’il cède jamais au découragement, sans qu’il se laisse aller à l’amertume, en retraçant l’enchaînement infernal des événements depuis la visite de Sharon sur l’esplanade des mosquées jusqu’à l’opération « Rempart » dans les territoires occupés, il est bien obligé de constater le désastre : ce conflit, qui n’était pas religieux jusqu’à la seconde Intifada, l’est devenu, la volonté de Sharon de rejeter les Palestiniens au-delà du Jourdain pour s’approprier leurs terres rencontre un écho de plus en plus grand en Israël, la gauche s’est totalement déconsidérée auprès des Arabes israéliens, etc. Autant de ruptures qui amènent cet inlassable combattant de la paix à faire entendre sa voix, cette fois-ci sur une tonalité d’alarme, d’exhortation et même d’indignation.