ESPACES LIBRES - T170 - L'EVANGILE DES PAIENS
Extrait
Extrait de l'avant-propos de Odon Vallet :
«Notre ami le médecin» : c'est ainsi que saint Paul
Dans ce pays d'étrangers, Jésus s'adresse à des frères. Avec sa gueule de métèque, au sens grec du terme, il prêche, comme Georges Moustaki, une «éternité d'amour». Et il promet la guérison de toutes sortes de maux dont le docteur Luc, son biographe, nous fait un compte rendu élogieux, rempli de prodiges. En un temps où les soins se limitaient aux élixirs et aux onguents, on demandait l'impossible aux guérisseurs. Et Jésus proposait à tous les malades accourus de loin le merveilleux, le miraculeux voyage de l'Amour.
Peut-on guérir du mal de vivre ? Cette question se pose dans l'Évangile, de paroles en paraboles, de conversations en conversions. Ces mots qui soignent les maux, ces gestes qui pansent les plaies portent la marque personnelle d'un Sauveur.
Certes, les lois juives du Lévitique comprenaient de nombreux préceptes d'hygiène dont la nourriture casher, très saine, est le meilleur exemple. Et c'est en Galilée que, vers 200 apr. J.-C, Mar Samuel Ben Abba préconisa la stérilisation de l'eau par ébullition. Mais le prophète Jésus et le docteur Luc enseignent plutôt une hygiène de la vie de l'âme, une clinique des coeurs endurcis.
Les aventures de Jésus, décrites par le médecin Luc, peuvent déconcerter par leur part de mystère. Nous nous demandons à juste titre comment Jésus marchait sur les eaux. Mais ne sourions pas trop à cet irrationnel. Dans notre monde déboussolé, les sourciers ont de l'avenir et si, en Europe, la pratique religieuse baisse, la croyance au surnaturel augmente.